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Lab Surveillance : explorer la surveillance par le Legal design

Science et société Article publié le 09 janvier 2024 , mis à jour le 09 janvier 2024

L’École Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI-Les Ateliers) et l’Université Paris-Saclay ont signé mercredi 29 novembre 2023, un accord stratégique visant à renforcer leur collaboration, fruit de liens tissés depuis plus de dix ans entre les deux établissements, Parmi les exemples de partenariats existants, celui du Centre d’études et de recherche en droit de l’immatériel (CERDI) de l’Université Paris-Saclay qui a mis en place un projet pédagogique, le « Lab Surveillance », basé sur les méthodes du Legal design (ou design du droit).

Le Legal design est l’art d’adapter le droit aux besoins et aux attentes des utilisateurs, en utilisant les outils du design. Il permet de rendre le droit, les textes et les processus juridiques plus clairs, plus simples et plus accessibles. Il permet aussi de réfléchir aux conséquences juridiques, éthiques et sociales des innovations, en imaginant des futurs possibles et en les confrontant aux règles et aux valeurs existantes. C’est, enfin, un moyen de projection et de décision, qui permet d’anticiper les conséquences d’une décision de justice, d’une nouvelle loi ou d’un fait juridique qui pourrait générer des expériences discutables, effrayantes et parfois très cohérentes avec ce que l’on anticipe de notre avenir.

Le projet Lab Surveillance invite les étudiants du Diplôme Créateur industriel de l’ENSCI et du M1/M2 Propriété intellectuelle & droit du numérique de l’Université Paris-Saclay à expérimenter le Legal design et le design spéculatif par l’étude du phénomène de surveillance.

Le thème de la surveillance est très présent dans les débats publics et semble envahir tous les domaines de la vie quotidienne, créant l’idée d’une société de la surveillance généralisée. Vidéosurveillance, fichiers numériques, puces RFID, lois sur le renseignement, géolocalisation, reconnaissance faciale, traçage, recommandations et offres prédictives… la surveillance est à la fois un fantasme sécuritaire et une source de panique liberticide, qui demande une analyse critique et prospective.

Le projet se déroule en trois phases :

  • Le studio « cartographie des controverses » : Cette phase qui a duré 10 semaines, de septembre à fin décembre 2023, a consisté à identifier et à représenter les enjeux, les acteurs, les arguments et les scénarios liés à la surveillance, en croisant les regards des juristes et des designers. Sur la base de ce travail, il a ensuite fallu développer une approche créative avec un travail de représentation et de scénarisation pour prendre conscience du risque ou de la dérive, en regard des bénéfices et services apportés. Le studio est piloté par un designer, Antoine Boilevin (Legal Design Lead, Ubisoft) et un juriste, Fabien Lechevalier (Doctorant en droit, Université Paris-Saclay), avec l’appui d’experts variés.
  • L’atelier de projet « surveillances alternatives » : Cette phase visera à adopter une posture réflexive de design sur la conception d’alternatives à des dispositifs de surveillance (ou de dispositifs alternatifs de surveillance). Les scénarios spéculatifs et prototypes fictionnels ainsi créés seront ainsi mis en débat afin de faire émerger collectivement de nouveaux points de controverse ou de nouvelles problématiques autour de l’objectif de surveillance. Ces sessions seront aussi l’occasion d’ouvrir des temps de réflexivité sur la pratique même des étudiants sur le sujet : quels sont les éléments pris ou non en considération au moment de la conception de tels dispositifs ? Quels sont les sujets qui mériteraient d’être adressés par le droit ? L’atelier de projet dure 15 semaines, de février à fin juin 2024. Il est accompagné par un juriste, Fabien Lechevalier (Doctorant en droit, Université Paris-Saclay), et un tandem de designers, Estelle Hary (Doctorante en design, RMIT/ENS Paris-Saclay) et Diane Beaulieu (Designer, Où sont les dragons). Plusieurs interventions d’experts thématiques, d’enseignants-designers de l’ENSCI ou enseignants-chercheurs de l'Université Paris-Saclay sont également prévues.
  • L’exposition : Cette phase permettra de valoriser le travail accompli dans les deux phases du projet et de le médiatiser à travers une exposition itinérante de juillet à décembre 2024. L’exposition présentera les cartographies, les scénarios, les prototypes et les dispositifs issus du projet, ainsi que les réflexions et les questionnements qu’ils suscitent.

Le projet Lab Surveillance est porté par l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI-Les Ateliers) et le Centre d’études et de recherche en droit de l’immatériel (CERDI) de l’Université Paris-Saclay. Il bénéficie du soutien et de la participation du Design Spot, centre de design de l’Université Paris-Saclay, du Centre de recherche en design de l’ENS Paris-Saclay et de la Chaire innovation publique.