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Alexandra Recchia

Entre barre et tatatami

Alexandra Recchia est une avocate qui troque régulièrement sa robe pour un kimono. Passionnée de karaté, elle sort de la Faculté Jean Monnet diplômée d’un Master 2 de Droits et Pratiques des Relations de Travail et obtient le CAPA dans la foulée. Elle n’a pas pour autant renoncé à sa carrière sportive bien au contraire. Son palmarès rassemble deux titres européens (2013 et 2016) et mondiaux (2012, 2016) en individuels qui font d’elle une des meilleures combattantes au niveau international dans la catégorie des moins de 50 kg.

Pourriez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ?

Je m’appelle Alexandra RECCHIA, j’ai 29 ans et je suis avocate et championne de Karaté. J’ai obtenu ma licence de droit à la Faculté d’Avignon puis mon master 1 à Aix en Provence et mon master 2 DPRT (Droits et Pratiques des Relations de Travail) à la Faculté Jean Monnet en 2013. J’ai intégré la Haute Ecole Des Avocats Conseils (HEDAC) en 2015 et ai obtenu mon Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat (CAPA) en octobre 2016. Enfin, j’ai prêté serment le 19 janvier 2017. En parallèle, j’ai été championne du monde de karaté en 2010 (par équipe), 2012 (individuel et par équipe) et 2016 (individuel et par équipe).

Que vous a apporté la Faculté Jean Monnet ?

Une certaine sérénité et une confiance appréciable me permettant de mener mon double projet dans les meilleures conditions. J’ai pu réaliser mon master 2 en deux années afin de « soulager » mon emploi du temps et de suivre un entrainement de haut niveau. Aussi, lors de mon année à l’Institut d’Etudes Judiciaires (IEJ), j’avais la possibilité de réaliser mes épreuves blanches de notes de synthèse et de procédure à la maison selon mes disponibilités d’agenda. Je bénéficiais d’un certain délai pour remettre mes copies. J’ai donc pu constamment organiser mes temps de travail en fonction de mes temps d’entrainement. J’ai conscience de la chance d’avoir rencontré monsieur Hirsoux en tant que directeur de Master. Le secrétariat de la faculté et lui-même ont toujours été à l’écoute et confiants. Ils ne m’ont jamais demandé de rendre des comptes. Une vraie relation de confiance s’est créée.

Parlez-nous de votre métier d’avocat… et de votre passion pour le karaté. Comment êtes-vous devenue la sportive de compétition que vous êtes ?

Je suis aujourd’hui à mon compte en activité réduite afin de garder un pied dans la profession. J’ai déjà remporté quelques dossiers mais j’attends encore de plaider !
Si aujourd’hui je suis celle que je suis c’est notamment grâce à mes parents et ma famille. J’avais un caractère fort et je voulais tout gagner tout le temps, cela en devenait maladif et mes parents ont su exploiter cet esprit de compétition en me posant régulièrement des défis et parfois en venant piquer mon orgueil. Je me rappellerais toujours le « Toi en fac de droit ? ! » de mon Papa qui m’a donné l’envie de lui montrer que j’en étais capable.
Le karaté c’est l’école de la vie pour moi. On y apprend le respect, la discipline, la rigueur mais aussi la recherche de la performance. Les études de droit m’ont obligées à être organisée et extrêmement rigoureuse.
Ce double projet ne pouvait être mené à bien sans avoir le goût de l’effort.
C’est tout cela qui m’a construit.

Faites-nous rêver… Parlez-nous de votre plus belle victoire ?

Je ne peux départager deux victoires qui ont une saveur particulière.

Mon premier titre individuel à Bercy en 2012 : je suis acclamée par 15.000 spectateurs, je gagne ma finale par 8 à 1, derrière nous sommes également championnes du monde par équipe, toute ma famille est présente et surtout je n’aurais pas parié sur moi un mois avant. Juste le rêve de ramener le titre à domicile et d’être considérée comme héroïne nationale.

Mon second titre individuel en 2016 fut tout autant surprenant et savoureux : je sortais des écrits du CAPA

Quels seraient vos conseils pour ceux qui souhaitent conjuguer une vie professionnelle épanouie avec une pratique sportive de haut niveau ?

De bien s’organiser bien entendu et de faire des choix. Communiquer avec sa famille et son staff afin de prioriser les objectifs pour ne pas d’y perdre et passer à côté de ceux-ci. Mais aussi ne pas avoir honte de dire qu’on est fatigué ou à bout de force, ne pas craindre de communiquer à ce sujet. Votre entourage sera votre meilleur allié.

Quelle a été la place de votre réseau dans votre carrière ?

 

Grace à l’ensemble des connaissances que j’ai pu me faire dans le cadre de ma vie sportive notamment, je sais que je pourrais rapidement monter mon propre cabinet. 

Mais le plus important c’est que j’ai rencontré des personnes merveilleuses qui sont aujourd’hui devenus des amis et des soutiens de toujours. Quelques collègues de fac, aujourd’hui des confrères, ont été sensibles à mon double projet et ont joué un rôle essentiel dans les moments délicats. Je ne les en remercierai jamais assez.

Quel message auriez-vous à faire passer aux étudiants de l’Université Paris-Saclay concernant leur parcours universitaire ? Concernant le réseau des diplômés ?

De ne pas se fixer de limites ou se dire que l’on est pas capable de réaliser telle ou telle chose. La volonté, le travail et la rigueur viennent à bout de n’importe quel défi. Mener vos projets à terme peut prendre du temps, il faut savoir être patient et faire confiance à son entourage et ses collègues. Seul on va plus vite mais à plusieurs on va plus loin.

Dites-nous-en plus sur votre avenir professionnel et sportif.

Je suis aujourd’hui à mon compte en activité réduite afin de garder un pied dans la profession mais ma priorité est sportive. Je me prépare pour accrocher une qualification aux Jeux de Tokyo 2020 où le karaté fera son entrée.

 

Interview de Sabine Ferrier, 
Chargée du réseau des diplômés de l’Université Paris-Saclay, 
Direction de la Formation et de la réussite de l’Université Paris-Saclay.

2018